De 1815 à 1848, l’empire d’Autriche, dirigé par Metternich, se consacre principalement au maintien du statu quo, à l’intérieur comme à l’extérieur. À long terme, cette politique va mener l’empire — construction historique habitée par des peuples divers — à sa perte. La première erreur est de ne pas s’apercevoir que le concept de nationalité a changé de contenu, glissant de la conception étatique à une conception ethnique.
Le maintien dans l’empire de populations de langues et de cultures différentes oblige l’État à des contorsions curieuses : ainsi, en 1800, dans les armées autrichiennes, les ordres sont donnés en latin afin de ne pas risquer de vexer une nationalité. Une autre erreur est de ne pas voir que le ferment nationaliste et libéral lève d’autant plus vite que les cadres féodaux éclatent. En Transylvanie, les seigneurs sont magyars, les paysans roumains ; en Bucovine, les seigneurs polonais, les paysans ruthènes. Essentiellement rural et agricole, l’empire connaît dès 1820 un essor industriel significatif. Les tensions sont exacerbées par les mutations sociales et la Sainte-Alliance, transformée en « société de secours mutuel » pour permettre aux souverains européens de lutter contre toute subversion sur leur territoire, comme en Italie.
C’est dans ce contexte, aggravé par une crise de subsistance, qu’éclate la crise révolutionnaire de 1848, qui est plus grave en Autriche que partout ailleurs. À Vienne, en mars 1848, un mouvement de révolte oblige Metternich à démissionner.
La révolution se répand rapidement quand les Allemands, les Magyars, les Slaves et les Italiens se retournent contre le régime impérial. Ferdinand Ier abdique en décembre, et son neveu de dix-huit ans, François-Joseph Ier, monte sur le trône, qu’il occupe jusqu’en 1916.
Le nouvel empereur promulgue une Constitution pour l’Autriche, qui institue un gouvernement de type parlementaire et délivre les paysans des charges féodales (de la corvée notamment) ; les Tziganes sont libérés. Bénéficiant du manque de synchronisation des différents mouvements nationaux et révolutionnaires, l’Autriche peut récupérer un certain nombre de ses possessions, au prix évidemment de concessions, mais aussi grâce à une répression féroce, comme en Hongrie, où le soulèvement populaire mené par Petofi et Kossuth de 1845 à 1849 se solde par un bain de sang. « Autriche » Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta
Photos des pays d’Europe à visiter