Le 28 février, le comité provisoire de la douma annonça qu’il prenait en charge le retour à l’ordre et, le 1er mars, il plaça ses commissaires (représentants) à la tête des ministères.
Le 2 mars, il forma un gouvernement provisoire présidé par le prince Gheorghi Ievghenievitch Lvov, avec des députés de la douma et un élu du soviet, le dirigeant socialiste Aleksandr Fedorovitch Kerenski. À part lui, le Gouvernement provisoire était composé des mêmes dirigeants libéraux qui formaient le bloc progressiste de la douma en 1915. Le Premier ministre, le prince Lvov, était un riche propriétaire terrien, membre du parti démocrate constitutionnel (les KD ou cadets), qui préconisait l’établissement immédiat d’une monarchie constitutionnelle puis d’une république.
Mais le prince Lvov n’était qu’un prête-nom ; le personnage le plus important du Gouvernement provisoire jusqu’en mai fut Pavel Milioukov, le ministre des Affaires étrangères et le dirigeant principal du parti des cadets depuis sa création en 1905. Il fut le principal responsable de la politique du gouvernement qui voulait une Russie capitaliste et libérale. Kerenski, ministre de la Justice, qui avait animé le groupe des troudoviks (« travaillistes ») à la douma, fut le seul représentant des socialistes modérés au Gouvernement provisoire.
Après le succès de Petrograd, la révolution s’étendit à tout le pays selon les mêmes modalités que dans la capitale : deux systèmes parallèles de gouvernement furent créés, les soviets fonctionnant aux côtés des autorités qui étaient en relation avec le Gouvernement provisoire. Les soviets, plus efficaces, se multiplièrent et gérèrent les affaires locales, devenant ainsi des centres de discussion.
Reconnu par le soviet de Petrograd et par le commandement de l’armée et de la marine, le Gouvernement provisoire jouit d’abord d’une grande popularité. Il dispersa la police tsariste, restaura la liberté d’opinion, de presse et d’association, et abolit les lois de discrimination ethnique et religieuse. Il reconnut aussi à la Pologne le droit d’être un État libre et indépendant.
Cependant, il n’avait aucune autorité véritable. La douma, qui était pourtant à l’origine de ce gouvernement, ne lui fut d’aucun soutien, car elle n’était pas réellement représentative du peuple. Incapable de diriger le pays, le gouvernement ne put contenter un peuple impatient et las de la guerre. La situation fut ainsi succinctement résumée par le ministre de la Guerre, Aleksandr Gouchkov : « Le gouvernement, hélas, n’a aucun pouvoir réel ; les troupes, les chemins de fer, la poste et le télégraphe sont tous aux mains du soviet de Petrograd. Le fait est que le Gouvernement provisoire existe seulement parce que le soviet le lui permet. »
Le Gouvernement déclara qu’en raison de sa nature provisoire il lui était impossible d’aborder les problèmes sociaux cruciaux et d’opérer des réformes fondamentales telles que la confiscation des terres et leur redistribution aux paysans. Tous les changements furent donc repoussés jusqu’à la création d’une Assemblée constituante qui serait chargée des discussions. Mais l’élection d’une telle assemblée fut remise à plus tard en raison de l’occupation d’une grande partie du territoire par l’ennemi. En réalité, les libéraux du Gouvernement provisoire réalisèrent que les socialistes seraient majoritaires au sein d’une Assemblée constituante et qu’eux-mêmes perdraient donc le pouvoir. Le seul espoir qu’ils avaient de le conserver était d’attendre une victoire des Alliés dans la guerre. © "Russie" Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta et lemonde.
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