Les forces provenant des fiefs de Satsuma, de Choshu et de Tosa, qui constituent désormais l’armée impériale, défont les dernières troupes des shoguns en 1868. La plupart des fiefs restent en dehors du conflit, attendant son issue. Cette guerre, dite Boshin, se termine rapidement par la capitulation des forces shogunales à Edo. Le jeune empereur Mutsuhito choisit le nom de Meiji (« gouvernement éclairé ») pour désigner son règne. Ce nom devient également son nom posthume d’empereur. Autour de lui, évoluent Okubo Toshimichi, Saigo Takamori et Kido Takayoshi, guerriers issus des clans Choshu et Satsuma, qui parviennent à monopoliser les postes ministériels et sont les artisans des réformes (voir Meiji, restauration de). La capitale impériale est transférée à Edo, rebaptisée Tokyo (« capitale de l’Est »).
En 1869, les seigneurs des grands clans de Choshu, Hizen, Satsuma et Tosa remettent leurs fiefs entre les mains de l’empereur ; la renonciation des autres clans suit bientôt et, en 1871, un décret impérial proclame l’abolition de tous les fiefs, créant pour les remplacer des préfectures administrées de façon centralisée par les anciens daimyo devenus gouverneurs. La réalité du pouvoir est entre les mains des samouraï des clans Satsuma et Choshu. Issus des rangs inférieurs de la caste des samouraï, ces hommes jeunes — ils ont tous entre 27 et 41 ans en 1868 — fournissent l’essentiel des cadres de l’Empire jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En à peine trente ans, s’appuyant sur une élite intellectuelle ouverte sur l’Occident et aussi bien formée aux sciences venues d’Occident qu’aux disciplines traditionnelles, le Japon devient une puissance de rang mondial. Des officiers français sont engagés pour réformer l’armée de terre, tandis que des Britanniques réorganisent la marine, dont la plupart des officiers sont des hommes du clan Satsuma.
Le service militaire obligatoire est décrété en 1872. Des missions sont dépêchées dans les pays étrangers, afin d’étudier les systèmes de gouvernement et les institutions. Un nouveau Code pénal, calqué sur celui de la France, est promulgué. Le ministère de l’Éducation, créé en 1871, rend obligatoire l’enseignement primaire tandis que des programmes de formations supérieures, inspirés des modèles occidentaux, sont mis en place. Certains auteurs étrangers, parmi lesquels Jules Verne, sont traduits. L’État prend en main le financement de l’infrastructure économique. De vieilles familles marchandes, comme les Mitsui, d’anciens samouraï comme Iwasaki, fondateur de la firme Mitsubishi, peuvent ainsi jeter les bases d’une économie moderne.
En 1876, la caste des samouraï est abolie par décret. Ce n’est cependant pas sans un long et tragique affrontement entre l’armée impériale et les samouraï ; ceux-ci sont finalement vaincus à Satsuma en 1877. Saigo Takamori, qui a pris la tête de la rébellion après avoir soutenu la restauration de Meiji, se donne la mort. Cette mutation brutale, imposée par les classes supérieures — l’oligarchie des clans Choshu et Satsuma —, n’est pas le résultat d’une exigence politique populaire.
Les paysans, malgré la possibilité qui leur est donnée de posséder les terres (1868), continuent à supporter la plus grande partie du fardeau des impôts et les révoltes agraires et ouvrières se poursuivent jusque dans les années 1930.
Au niveau institutionnel, ce n’est qu’en 1889 que le Japon réussit à se doter d’une Constitution qui vient couronner l’édifice. En 1881, l’empereur promet d’établir une législature nationale. En 1884, préparant la création d’une Chambre haute, une pairie est instituée, comportant cinq ordres de noblesse. Sur le modèle allemand, un cabinet est constitué en 1885 avec, à sa tête, Ito Hirobumi comme Premier ministre ; un conseil privé est également créé en 1888 ; les deux organismes sont responsables devant l’empereur.
La Constitution de 1889, préparée par Ito, crée une Chambre des pairs comptant 363 membres et une Chambre basse de 463 membres, élue par les citoyens acquittant des impôts directs annuels d’au moins quinze yens, ce qui réduit le corps électoral à 450 000 personnes environ. Les pouvoirs de l’empereur sont scrupuleusement définis : il peut promulguer des décrets qui ont force de loi et lui seul peut déclarer la guerre. De plus, la Chambre basse peut être dissoute et la Chambre haute ajournée par simple décret impérial. La Constitution reste cependant vague sur les limites du pouvoir exécutif. Par la suite, des ordonnances réservent les postes de ministre des Armées et de ministre de la Marine à des officiers en exercice, ce qui laisse aux militaires un droit de veto sur la formation des cabinets et leur donne potentiellement une grande puissance politique. « Japon » Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta
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