Hésitant entre une monarchie fédérative ou centralisatrice, François-Joseph, devant l’opposition des Allemands centralistes et des Hongrois autonomistes, proclame une Constitution centralisatrice, la patenta du 26 février 1861. Après la bataille de Sadowa (1866), l’empereur se résigne à transiger. En 1867, François-Joseph divise l’empire en deux États, la Cisleithanie et la Transleithanie (Hongrie), égaux en droits et soumis au même souverain. Ce compromis donne à la Hongrie sa propre Constitution et une quasi-indépendance. L’Empire austro-hongrois est né.
Cette monarchie duale, en consacrant les prétentions des Magyars et des Allemands à l’hégémonie sur les autres peuples de l’empire, ne peut que mécontenter ceux-ci. Les Tchèques, un groupe ethnique de cinq à six millions de personnes, ne peuvent faire reconnaître leurs droits, bloqués par l’opposition des Allemands et des Hongrois. À la veille de la Première Guerre mondiale, trois périls menacent toujours l’empire : le séparatisme hongrois, le pangermanisme et le panslavisme.
Le premier est contrebalancé par la crainte de l’expansionnisme russe, qui rend nécessaire malgré tout l’union avec l’Autriche ; le pangermanisme est le fait d’une minorité bruyante, réclamant une unité de plus en plus étroite de l’Autriche avec l’Allemagne et qui trouve un écho favorable au sein de l’empire allemand, établi en 1871. Le panslavisme constitue un danger beaucoup plus redoutable en raison de l’attitude de la Russie, qui s’est autoproclamée protectrice des Slaves du Sud.
C’est dans les Balkans que se joue le sort de la monarchie. Les Habsbourg modifient leur politique vis-à-vis de l’Allemagne et des Balkans. Le ministre des Affaires étrangères, le comte Gyula Andrássy, Hongrois d’origine, promet que l’Autriche-Hongrie restera en dehors des affaires internes de l’Allemagne ; en échange, l’Allemagne soutiendra l’Autriche-Hongrie dans ses tentatives de limiter l’influence russe dans les Balkans.
Quand la Russie vainc les Turcs en 1878, l’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, intervient afin d’empêcher les Russes de s’emparer de toute la Turquie européenne. Le congrès de Berlin (1878) limite les acquisitions russes ; il permet également à l’Autriche-Hongrie d’occuper la Bosnie-Herzégovine puis de l’annexer (1908). En 1879, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie signent une alliance officielle que rejoint l’Italie en 1882.
Toutes ces conquêtes accroissent le nombre des Slaves, qui sont 21 millions en 1913 sur un total de 51 millions d’habitants, alors que, depuis 1908, les visées autrichiennes se concentrent sur le petit État créé en Serbie en 1878. Quand la Serbie sort vainqueur de la guerre des Balkans et territorialement agrandie, les dirigeants austro-hongrois voient qu’une grande Serbie est en voie de formation ; celle-ci ne fait pas mystère d’aider les Slaves soumis à la domination austro-hongroise. De cette hostilité réciproque découle le tragique incident qui déclenche le premier conflit mondial. « Autriche » Emmanuel Buchot Sources utilisées Encarta
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